Contexte et vote sur la réforme du temps de travail en Grèce

Les députés grecs ont approuvé jeudi un texte controversé autorisant une journée de travail pouvant atteindre 13 heures dans le secteur privé. Le dispositif prévoit qu’un salarié puisse effectuer ce temps de travail supplémentaire pour le même employeur, avec une majoration salariale et dans un nombre de jours fixé par an.

La majoration proposée est de 40 %, et l’accord se fonde sur le volontariat, sans contrainte pour les salariés. Le texte précise qu’il pourrait s’appliquer à condition que le salarié soit d’accord et sans nécessiter de déplacement.

Dispositif et conditions

Le dispositif autoriserait un salarié à effectuer jusqu’à 13 heures de travail par jour pour le même employeur, dans un cadre annuel limité.

La disposition prévoit une majoration de 40 % et exige que l’emploi soit exercé dans le cadre d’un accord volontaire, sans contrainte sur les déplacements.

La mesure s’appliquerait à un nombre de jours annuels défini et ne peut pas être imposée unilatéralement.

Réactions et vote

Le vote a été marqué par des échanges houleux et a été soutenu par une majorité d’élus de la droite au pouvoir. Le texte est porté par le gouvernement conservateur et sera soumis à l’examen des députés après deux jours de débats.

Lors du scrutin, le parti Syriza, principale formation d’opposition, a refusé de prendre part au vote, dénonçant une dérégulation du travail et une atteinte possible aux droits des travailleurs. Le texte est perçu par ses opposants comme une étape qui peut fragiliser les droits fondamentaux au travail.

Contexte social et économique

Des appels à la grève générale ont eu lieu, avec deux journées de stoppage partiel le 1er octobre et mardi, pour protester contre la réforme.

Dans un pays où l’économie a montré des signes de reprise après la crise financière mais demeure marquée par des salaires bas, la possibilité d’effectuer 13 heures de suite existe déjà dans certains cas mais seulement lorsque le salarié a deux employeurs ou plus. Le texte prévoit d’autoriser ce temps de travail chez le même employeur, sans déplacement, avec une rémunération majorée et dans un contingent annuel.

La ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus, a défendu le texte en indiquant que l’accord serait limité à 37 jours par an, soit environ trois jours par mois, et reposera sur le volontariat.

Elle a ajouté qu’il existe des travailleurs qui souhaitent augmenter leurs heures, notamment dans le secteur du tourisme où les métiers saisonniers tels que serveurs, personnel hôtelier et cuisiniers enchaînent des journées étendues durant l’été.

La durée légale du travail est actuellement de huit heures par jour, avec la possibilité d’effectuer jusqu’à trois heures supplémentaires.

Les opposants estiment que cette réforme renforce une dérégulation du marché du travail amorcée par le gouvernement en 2019. Le dirigeant de Pasok, Nikos Androulakis, souligne que cette mesure s’inscrit dans une dynamique plus large de démantèlement des droits des travailleurs.

Du côté du pouvoir, Nouvelle-Démocratie (ND) met en avant la baisse du chômage observée depuis l’arrivée de Kyriakos Mitsotakis au pouvoir, un taux qui est passé de 18 % à 8 % en six ans.

Le leader de Syriza, Sokratis Famellos, a dénoncé la réforme comme un véritable Moyen Âge du travail.

Juste avant le vote, la ministre a rappelé que l’usage de la journée de 13 heures serait limité à 37 jours par an et qu’elle se ferait sur la base du volontariat.

Certains critiques estiment que l’expression peut être trompeuse et donner l’impression que tous les travailleurs seraient soumis à 13 heures de travail quotidien.

Cadre et chiffres

La Confédération des travailleurs grecs (GSEE) affirme que nombre d’employés ne pourraient pas refuser cette option, compte tenu du rapport de force et de la précarité sur le marché du travail, et pointe des contrôles insuffisants de l’Inspection du travail.

Selon Eurostat, au deuxième trimestre 2025, 20,9 % des salariés âgés de 20 à 64 ans travaillaient plus de 45 heures par semaine en Grèce, contre 10,8 % dans l’Union européenne.

Le gouvernement rappelle en outre que la possibilité d’une semaine de travail de six jours existe déjà dans certains secteurs en période de forte demande, notamment dans le tourisme.

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