Immersion et objectifs des ateliers d’écriture en détention

Un documentaire retrace une période de six mois au cours de laquelle des détenus participent à des ateliers d’écriture à la Maison d’arrêt de Chambéry, encadrés par le poète et ancien braqueur Khaled Miloudi et par Marie-Pierre Valcke, enseignante de l’établissement.

Le film, intitulé « Écrire sur soi en prison », a été diffusé dans l’émission Le Labo le 14 septembre. Il présente trois thèmes que chacun aborde sur sa feuille: la colère, la responsabilité et l’amour. L’objectif est d’explorer des éléments personnels et de réfléchir à la manière dont l’amour peut traverser la vie, même en détention, selon les propos du créateur du projet dans le documentaire.

L’atelier est conçu pour favoriser le partage intime et l’écoute mutuelle: il n’est pas seulement question de lire un texte, mais d’entrer dans le monde intérieur de chacun et d’accueillir ce qui est livré par les participants, comme le rappelle l’enseignante.

Quelle est cette colère qui erre dans l’air depuis petit? L’impression d’être suivi par cette mauvaise atmosphère. J’ai voyagé terre et mer, ciel et terre. Elle était là, toujours derrière.

Écrire pour se libérer et se reconstruire

Du côté de la direction, la présence d’un ancien détenu à la tête de l’atelier donne une dimension particulière au dispositif: lorsqu’un ex-prisonnier partage son parcours et rappelle qu’il est possible de s’en sortir, les détenus se montrent généralement plus sensibles et réceptifs, explique Franck Lamoline, chef d’établissement.

Au fil des séances, les participants apprennent à se livrer sans jugement et à exprimer ce qui les met en colère ou ce qui les anime. L’écriture les aide à structurer leurs pensées, à composer des poèmes destinés à leurs proches et elle agit aussi comme une forme de catharsis. L’un des participants résume l’impact personnel de ce travail: « Quand j’écris, j’ai l’impression de tuer ma dépression. Je ne broie plus du noir, j’ai l’impression d’allumer une lumière ». Il précise que l’écriture permet d’exprimer ce qui ne pouvait pas être dit autrement, et compare l’absence d’écriture à une coupure des ailes d’un oiseau.

Au-delà de l’exercice individuel, le projet est présenté comme un moyen d’évolution et de communication avec l’entourage. Avec les séances qui se succèdent, les textes deviennent de véritables outils pour aborder le passé et préparer l’avenir.

Adaptation web réalisée par Sarah Clément. Le documentaire RTS – Le Labo, réalisé par Bastien Moeckli, réunit les témoignages de Badr, Liam, Sofiene, Lakhdar, Marwan, Rayan, Eric, Kamal, Wency, Christopher, ainsi que ceux de Khaled Miloudi, Marie-Pierre Valcke et Franck Lamoline, directeur de la Maison d’arrêt de Chambéry.

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