Une expérience de près de 40 ans au service de la prévention jeunesse à Neuchâtel

À Neuchâtel, la figure de Daniel Favre est bien connue, notamment parmi la jeunesse locale. Surnommé affectueusement “le pasteur” par ses collègues de la police cantonale, il a consacré ces dix dernières années à intervenir dans les écoles et quartiers pour assurer la prévention de la criminalité.

Un message clair : la responsabilité des parents doit être renforcée

Dans ses déclarations, Daniel Favre souligne que trop souvent, les parents interviennent uniquement lorsque la situation a déjà dégénéré. Selon lui, si un cadre familial était instauré en amont, la police – qui devrait intervenir en dernier recours – pourrait limiter ses interventions. Ce futur retrait après près de 40 ans d’engagement lui permet d’adresser un appel à la responsabilité parentale : “Les parents doivent retrouver leur place”.

Les émeutes à Lausanne : un état d’esprit préoccupant

Une réaction face à des tensions sociales

Intervenu dans l’émission “La Matinale”, le policier neuchâtelois a exprimé sa tristesse face aux émeutes récentes qui ont secoué Lausanne, où des jeunes ont incendié des poubelles et manifesté leur défiance envers les forces de l’ordre. Il estime que ces violences auraient pu être évitées si le rôle éducatif et disciplinaire des familles avait été davantage mis en avant.

Une perception d’éloignement des jeunes vis-à-vis des autorités

Selon lui, la relation entre les jeunes et les adultes dans les magasins ou dans la rue semble parfois tendue, ce qui traduit une évolution dans la dynamique éducative. Il rappelle que souvent, l’intervention des parents arrive tardivement, quand la situation est devenue ingérable. Un cadre familial solide pourrait prévenir ces incidents en amont, et ainsi réduire le recours à la police.

Les réseaux sociaux : un environnement propice à l’escalade de comportements risqués

Pour Daniel Favre, l’omniprésence des réseaux sociaux amplifie souvent l’émotion et la recherche du sensationnel. Il regrette la tendance à l’exagération et à la dramatisation, qui peut influencer certains jeunes à reproduire des comportements problématiques observés en ligne. Il évoque notamment l’impact de situations similaires dans d’autres banlieues, qui peuvent donner à certains jeunes locaux une fausse impression d’impunité.

Il insiste également sur la dimension administrative et civile des infractions : un jeune peut accumuler des dettes importantes suite à des actes de délinquance, comme cassé du matériel ou simulé une alerte à la bombe, sans en mesurer pleinement les conséquences à long terme. Ces sanctions peuvent compliquer leur insertion future, notamment pour la recherche de logement ou d’emploi.

Une confiance à préserver malgré les critiques

Une forte majorité de policiers dévoués

Face à des accusations de racisme systémique, Daniel Favre reconnaît que certains jeunes ont pu exprimer des reproches, mais il insiste sur le fait que la majorité des policiers travaille avec dévouement. Selon lui, c’est la minorité de dérapages qui peut ternir la réputation du corps entier, notamment à cause de dérapages ou de messages diffusés sur des plateformes comme WhatsApp.

Le rôle essentiel du lien humain dans l’intervention policière

Pour renforcer la confiance, le policier privilégie la proximité avec la jeunesse, via des rencontres, un contacts direct et la possibilité pour eux de l’appeler par son prénom, “Daniel”. Il se définit comme un “éducateur de rue”, mêlant autorité et proximité, car selon lui, la création d’un lien humain est fondamentale pour prévenir la délinquance et désamorcer les tensions.

Ce savoir-faire relationnel lui a permis d’instaurer une relation de confiance durable, essentielle pour agir efficacement au sein de la communauté.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Source : Fabien Grenon

By