Contexte et enjeux de la COP30

Après une nuit supplémentaire de travail visant à rapprocher les positions, la négociation a abouti à une cession significative de la part de l’Union européenne sur l’un des volets clés. Le texte obtenu ne mentionne pas explicitement les énergies fossiles et ne prévoit pas de feuille de route pour leur arrêt.

Selon notre suivi, l’UE a cédé face à l’opposition d’un front de pays pétroliers, au profit d’un accord considéré comme minimal et adopté dans des circonstances particulières, hors du consensus universel des Nations unies.

Le texte final a été accompagné d’une annonce: la présidence brésilienne de la COP30 a évoqué la tenue, en avril, d’une conférence inédite sur la sortie des énergies fossiles, qui se tiendra en Colombie.

Position officielle de l’UE et contexte financier

Sur le plan officiel, l’UE cherchait à inscrire dans le cadre de la COP une démarche concrète visant la sortie des énergies fossiles, résolue lors de la conférence de Dubai en 2023. Or, ce volet a été transposé dans un texte parallèle, approuvé par environ 90 pays et exclu du texte central acceptable par le consensus des Nations unies.

Dans les coulisses, des rumeurs évoquent une réticence européenne à engager des fonds supplémentaires pour les pays en développement sans obligations accrues de leur part. Le document final précise toutefois que l’enveloppe financière destinée aux pays pauvres intègre déjà les ressources supplémentaires envisagées, ce qui revient à une répartition des fonds sans accroissement des efforts des États riches.

Analyse et réactions des experts

« Recul majeur », affirme d’emblée le politologue François Gemenne, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). « De toutes les COP, ce texte est vraiment l’un des plus mauvais qui soient sortis », poursuit-il lors de l’émission Forum, en direct de Belém.

Selon lui, l’absence de définition sur la mise en œuvre des engagements promet entre en conflit avec les avancées obtenues il y a deux ans à Dubai. « Le texte a été dicté par les pays pétroliers et retire la mention des énergies fossiles, ce qui constitue un recul absolument majeur », déplore-t-il.

Le seul point positif qu’il identifie concerne le triplement des financements destinés à l’adaptation, mais il rappelle que, faute de cadre concret pour la mise en œuvre, cela risque de demeurer une simple promesse non suivie d’effet, revenant à une « résolution de Nouvel an ».

Le rôle de Lula et les critiques sur l’organisation

La présidence brésilienne de cette COP30, incarnée par André Corrêa do Lago, n’a pas convaincu François Gemenne. Il se montre toutefois compréhensif envers l’UE: « ils auraient dû refuser le texte et partir comme ils l’avaient fait à La Haye en 2000 »; mais il reconnaît les contraintes actuelles liées au multilatéralisme fragilisé et au risque politique d’un échec majeur d’une conférence internationale.

En revanche, Gemenne ne mâche pas ses mots sur le rôle du Brésil et de son président. « Lula n’a servi à rien du tout. Il a fait le guide touristique », déplore-t-il, ajoutant que l’impression générale était qu’aucun contenu substantiel n’importe vraiment pour lui. Cette lecture a nourri une critique sur le choix même des lieux et de Belém, considérés comme un « cauchemar logistique » pour de nombreuses parties prenantes.

« Et je trouve que cela pose aussi la question des critères de localisation des COP », ajoute-t-il, estimant que le cadre logistique et les contraintes de Belém ont compliqué les échanges.

Propos recueillis par Renaud Malik et Pierrik Jordan.

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