Blocage évité de justesse et poursuite des débats budgétaires
Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a fustigé samedi sur X le Parti socialiste pour avoir fait adopter l’infâme partie sur les recettes du budget de la sécurité sociale. Il a aussi ciblé les écologistes et les communistes, les accusant d’avoir donné leur soutien au PS en s’abstenant ou en votant contre, selon lui.
Selon Mélenchon, tous ces députés ont été élus sur un programme promettant le contraire, celui du Nouveau Front populaire, et selon lui, « seule LFI a tenu parole en votant contre le budget ».
Le président du Parti socialiste, Olivier Faure, a estimé que le Rassemblement national et La France insoumise avaient « le jeu du pire » en votant samedi contre la partie recettes du budget de la Sécu, laquelle a été adoptée à 15 voix près. Il affirme que ces deux partis prétendent défendre les classes populaires mais, selon lui, ils font le jeu du pire. Il a aussi ajouté que le PS qui a voté pour a fait son devoir et « montré qu’il y a une gauche utile aux Français ».
Adoption de la partie recettes et suites budgétaires
Les députés ont adopté samedi à une courte majorité la partie recettes du projet de budget de la sécurité sociale, ce qui permet la poursuite de l’examen du texte sur la partie dépenses, incluant la suspension de la réforme des retraites. Cette section a été adoptée par 176 voix pour et 161 contre, le suspense ayant duré jusqu’au bout, après l’annonce du RN qu’il voterait contre. La partie recettes a été largement remaniée au cours des débats et de nombreuses mesures d’économies du gouvernement ont été supprimées.
Par ailleurs, l’Assemblée a adopté la création d’une participation minimale pour les ressortissants étrangers non européens bénéficiant de la protection universelle maladie, une mesure visant les retraités américains installés en France. Le député Horizons François Gernigon a déclaré : « Aujourd’hui, des ressortissants étrangers titulaires d’un visa long séjour visiteur peuvent s’installer en France, accéder à la protection sociale universelle maladie après trois mois de résidence, sans verser de cotisations, sans payer d’impôts, sans participer au financement du système ». Il a ajouté que certaines agences, notamment américaines, vendent même l’idée d’un accès gratuit à la Sécurité sociale française. Son amendement crée ainsi une cotisation obligatoire pour les ressortissants non européens titulaires d’un visa long séjour « visiteur », conditionnant l’ouverture et le maintien du droit dans le cadre de la protection universelle maladie. Un sous-amendement précisant la mesure a également été adopté pour exclure des bénéficiaires les réfugiés et les ressortissants d’États bénéficiant d’une convention bilatérale.
Propositions économiques et débats sur la fiscalité
Édouard Philippe, candidat à l’Élysée, a proposé « une nouvelle politique économique de prospérité » avec un pacte fiscal d’une ampleur inédite destiné aux entreprises, via une baisse des impôts de production de 50 milliards d’euros par an contre une baisse équivalente des aides, soit 250 milliards pour un quinquennat. « Je commencerai par un deal fiscal avec nos entreprises d’une ampleur inédite », écrit-il. Il défend un cadre où, pour les entreprises, produire plus signifie gagner plus, et pour l’État, dépenser moins. Il appelle à un choc de simplification et à un pacte de confiance entre l’État et les entreprises, évoquant une politique de l’offre plutôt que des chèques.
Des prétendants de droite ont dénoncé ce qu’ils qualifient de bal des fous et de délire fiscal, après l’annonce d’une hausse de la CSG sur le capital. Xavier Bertrand, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau ont défendu une orientation en faveur de l’offre et de l’entreprise et pour une moindre dépense publique.
Débats parlementaires et suites prévues
Au deuxième jour d’examen du budget 2026 à l’Assemblée nationale, les débats se sont intensifiés et le gouvernement a essuyé ses premiers revers, la droite étant active sur la fiscalité et des alliances ponctuelles se dessinant. Les discussions sur certaines mesures touchant le patrimoine pourraient être repoussées à la semaine prochaine. Le Sénat, contrôlé par la droite et les centristes, a averti qu’il rétablira la réforme des retraites dans le cadre de l’examen du budget 2026 de la Sécurité sociale si l’Assemblée vote la suspension du texte.
Les socialistes ont obtenu du Premier ministre Sébastien Lecornu qu’une suspension de la réforme des retraites puisse être votée par l’Assemblée, en échange d’un engagement à ne pas censurer le gouvernement. La question des motions de censure a été au cœur des débats: la première motion de censure, déposée par La France insoumise, a été essuyée, puis une seconde motion déposée par le RN, jugée sans chances d’aboutir. La CFDT a salué la proposition de suspension et a annoncé qu’elle participerait à la conférence sur les retraites et le travail afin d’examiner les enjeux de pénibilité et l’équilibre financier dans les semaines à venir.