Attaque de drones sur un centre de déplacés à El-Fasher : bilan et contexte
Une attaque de drones visant le centre Dar al-Arqam, installé dans les locaux d’une université à El-Fasher, dans l’ouest du Soudan, a fait au moins 60 morts ce samedi, selon une organisation locale, la Coordination des comités de résistance.
Selon la CRC, les Forces de soutien rapide ont mené deux frappes de drones et huit tirs d’obus sur ce site. Le bilan initial évoquait environ 30 victimes. Des corps sont restés coincés dans des abris souterrains, précise l’organisation dans un communiqué, qui parle d’un « massacre ». Le texte déplore que « des enfants, des femmes et des personnes âgées aient été tués de sang-froid » et déplore que « le monde reste silencieux ».
Situation à El-Fasher et implications humanitaires
El-Fasher demeure l’une des dernières grandes villes du Darfour encore partiellement sous contrôle des FSR, qui affrontent l’armée soudanaise depuis avril 2023. Ces derniers semaines, les paramilitaires ont pris le contrôle de nombreux secteurs, repoussant l’armée dans ses derniers bastions. Après plus d’un an de siège, la ville, qui compte environ 400 000 civils pris au piège, est décrite comme proche de l’effondrement. Les habitants indiquent passer la plupart de leur temps dans des abris de fortune creusés sous terre pour échapper aux frappes quotidiennes.
Les organisations humanitaires redoutent des exactions massives en cas de prise de la ville, notamment contre les communautés non arabes, comme l’ethnie des Zaghawa, qui joue un rôle au sein des Forces conjointes alliées à l’armée.
Réactions internationales et contexte du conflit
Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé vendredi les massacres de civils dans cette ville, soulignant des exécutions sommaires au caractère apparemment ethnique. « Je suis consterné par le mépris constant et flagrant des FSR pour la vie des civils », a-t-il déclaré, appelant les pays voisins à « prendre des mesures urgentes pour protéger les civils et prévenir de nouvelles atrocités à El-Fasher et dans tout le Darfour ».
La guerre au Soudan, déclenchée en avril 2023, résulte d’une lutte de pouvoir entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant de facto depuis le coup d’État de 2021, et le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR. Cette confrontation a coûté des dizaines de milliers de vies, provoqué des millions de déplacés et été qualifiée par l’ONU comme la « pire crise humanitaire au monde. »
